Le Relais Familial

 

I- Introduction

 

La création du service Relais est l'aboutissement de réflexions qui se sont tenues durant l'année 2001, au sein d'un comité de pilotage initié par le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation d'Indre et Loire (S.P.I.P.)
L'agrément est donné à l'association Le Dialogue Familial en 2002 pour la création de l'action intitulée par l'association : Relais Familial. L'activité débute fin 2002 et s'inscrit dans la continuité des actions menées par Le Dialogue Familial qui oeuvre à la préservation du lien entre un enfant et ses parents dans les situations de rupture.
Le Relais Familial se définit dans une aide au maintien des liens familiaux dans le contexte particulier de l'incarcération d'un des membres d'une famille.
II s'agit de considérer :
Le parent détenu : sa perception et son adaptation à l'expérience de l'incarcération, sa représentation de la fonction parentale et sa faculté à en assumer la responsabilité au-delà de son exercice habituel.
- L'enfant : ses inquiétudes et ses interrogations du fait de l'incarcération de l'un de ses parents, sa compréhension ou non des motifs de son absence, sa recherche d'une mise en sens des enjeux familiaux.
- Le parent hébergeant : sa réalité familiale autour de l'incarcération de l'autre parent. En effet, le milieu familial peut être rétif, replié sur un mode défensif. Une ambivalence, une culpabilité à l'œuvre dans la sphère relationnelle peuvent entraver l'accès de l'enfant à son parent incarcéré.

 

II- L'action en milieu carcéral

 

La demande du parent détenu:

Les pères n' adressent pas tous leur demande dès le début de leur incarcération ; l'attente de leur jugement peut les inciter à mettre entre parenthèses la réalité extérieure, la souffrance liée à l'absence du lien avec l'enfant peut être vive et ne pas trouver à s'exprimer, les conditions de l'incarcération peuvent induire une infantilisation qui empêche l'émergence de la fonction paternelle, le recours quotidien à des activités diverses peut maintenir à distance les interrogations douloureuses.
Les demandes immédiates sont émises par les détenus qui connaissent leur condamnation ; leur possibilité de se projeter dans un temps qu'ils peuvent délimiter semble soutenir l'ouverture d'un espace pour le lien parent-enfant.

Pour les autres détenus, c'est quelquefois au détour d'un entretien avec un Conseiller d'Insertion et de Probation (C.I.P.), un visiteur de prison, un écrivain public que le détenu énonce son désir de recevoir des nouvelles, d'établir des contacts avec son enfant. Une information sur l'existence de l'action du Relais Familial est transmise au détenu qui se décline " père " par ces professionnels et bénévoles.
Le Relais Familial dispose d'un casier-boite à lettres où les pères font déposer leur demande écrite. Certains, rares, ne peuvent engager cette démarche malgré la réalité de leur besoin et il est arrivé que leur demande transite uniquement par un intervenant d'un autre service.

Les permanences :

Une permanence du Relais Familial se tient chaque vendredi de 14h00 à 17h00 à la Maison d'Arrêt de Tours.
Suite à sa demande, un père est reçu par les deux intervenants dans le cadre d'un entretien préalable qui a pour objectif d'évaluer le sens, la valeur de la fonction paternelle dans son histoire singulière.
Des entretiens d'accompagnement visent à soutenir la fonction parentale fragilisée par la détention et réengager le père dans sa dimension symbolique abrasée par la perte des représentations sociales.
28 pères ont adressé une demande initiale en 2004.
65 entretiens (écoute, évaluation de la demande, accompagnement) ont eu lieu au cours des permanences.
5 pères ont bénéficié de la poursuite d'un accompagnement débuté en 2003.
51 enfants sont concernés par l'ensemble des demandes paternelles.
Dans un nombre de situations non négligeable, le soutien de la demande du père se heurte à sa non recevabilité par la mère, le milieu familial où réside l'enfant. Ce sont essentiellement des situations où un divorce, une séparation du couple est intervenu ; sachant que la séparation peut découler des motifs de l'incarcération. Le Relais Familial guide le père vers une démarche de requête auprès de la Chambre de la Famille aux fins d'obtenir un droit de visite.
Le juge aux Affaires Familiales a missionné le Relais Familial pour 4 des situations précitées. Les mesures sont en cours et 1 parloir a déjà pu avoir lieu dans ce cadre. Certaines ont été ponctuées de l'envoi d'un compte-rendu sur l'évolution de l'intervention.

Les visites au parloir :

17 visites accompagnées au parloir se sont déroulées les mercredis et les vendredis. Elles concernent 4 pères et 6 enfants (avant la visite : temps de préparation, après la visite : recueil et mise en sens des effets).

Une action de l'entre deux:

Certains pères détenus ont manifesté leur frustration de ne pouvoir participer aux évènements marquants de la vie de leur enfant (anniversaire, Noël...). Le Relais Familial se met à disposition pour réceptionner un mandat, réaliser l'achat de l'objet choisi et de le transmettre soit directement à l'enfant qui ne bénéficie pas de droit de visite soit lors de l'accompagnement de l'enfant au parloir.

 

III - L'action hors du milieu carcéral

 

Les permanences administratives:

Elles sont mises à la connaissance des familles et se sont tenues les lundi et mardi de 14h00 à 17h30 jusqu' au 31-08-2004 et les lundi, mardi, jeudi, vendredi de 14h00 à 17h30 à partir du 01-09-2004 au siège de l'association. Elles permettent la gestion des rendez-vous avec les familles comme avec les différents services concernés par la situation (autres relais enfant-parent, juges aux Affaires Familiales, juges d'Application des Peines, juges des Enfants, services sociaux...). 61 courriers ont été adressés aux parents hébergeant, magistrats, avocats, services sociaux.
21 courriers ont maintenu le lien entre un père détenu et son enfant. Les contacts téléphoniques, tant avec les familles qu'avec les différents services se sont établis durant ces temps de permanence.

L'action auprès des familles :

L'évaluation de la demande du père en détention conduit le Relais Familial à prendre contact avec le milieu familial de son enfant.
36 entretiens individuels ont eu lieu avec les enfants
21 ont consisté en accompagnement d'un lien épistolaire (lecture du courrier reçu du père et confection de la réponse par l'enfant).
Le travail du lien utilise plusieurs supports ; le Relais Familial exerce, par exemple, le rôle d'intermédiaire dans les échanges de courriers, dessins ou messages... Cette transmission s'associe à l'étayage d'une compréhension de ce qui se joue par l'absence mais dans la mutualité. Ces enjeux là, peuvent renvoyer vers le parent hébergeant pour, entre autres, dégager un enfant d'un conflit de loyauté.
Pour 18 d'entre eux, le lieu de cet accompagnement du lien se situe à Richelieu (37).
15 se sont organisés autour d'une visite au parloir.
28 entretiens ont eu lieu avec des parents hébergeant.
9 se sont déroulés à " la Petite Maison " (local du Comité d'Aide aux Détenus).
1 dans les locaux du Dialogue Familial.
18 au domicile de la mère.
Le milieu familial peut être soulagé par une issue offerte aux difficultés comportementales de l'enfant repérées au quotidien et reliées par la mère à l'absence prolongée du père sans qu'il puisse y répondre.
La mère peut être confrontée à une impossibilité de lire sa fonction maternelle du fait de ne pouvoir l'articuler sur une fonction paternelle efficiente.

 

IV- La concertation

 

Les temps de réunions internes :

Une réunion de concertation hebdomadaire (1 heure)
Une réunion bimestrielle inter-services au Dialogue Familial (3 heures) ainsi que chaque 5ème samedi de l'année
Une supervision mensuelle (1 heure 30)
Auxquelles s'ajoutent les réunions ponctuelles organisées avec le S.P.I.P.

En liaison avec des services extérieurs :

Les actions concertées avec les services extérieurs se sont multipliées sans systématiquement aboutir à une intervention du Relais Familial. Ce dernier a pu travailler en concertation avec la Sauvegarde de l'Enfance de Tours (A.D.S.E.A), l'Aide Sociale à l'Enfance (A.S.E.) de Tours et de Poitiers ou bien encore avec l'association jeunesse, Culture, Loisirs Techniques (J.C.L.T.) de Saint-Avertin.

Perspectives 2005

Répondre à la demande du père détenu nécessite d'établir un certain nombre de contacts, notamment avec les professionnels qui rencontrent le père dans le cadre de son incarcération, ou bien le milieu familial de l'enfant dans le cadre de mesures éducatives en milieu ouvert, de placement temporaire de l'enfant...
Au cours de l'année 2004, il est apparu que les actions du Relais Familial n'étaient pas encore clairement inscrites dans un réseau partenarial.
Il est à prévoir que le Dialogue Familial porte l'objet et le sens de cette action à la connaissance des services extérieurs concernés par des situations où le lien de l'enfant à un de ses parents incarcéré fait appel à un étayage spécifique.
Les demandes et dossiers en cours de traitement laissent présager une augmentation des accompagnements pour l'année 2005. Les moyens dont dispose actuellement le Relais Familial permettront-ils de couvrir les besoins ?
L'atelier de création d'objets et groupe de parole inclus au projet initial n'a pu se réaliser comme il avait été prévu en 2004.
Un espace en détention a récemment été mis à la disposition du Relais Familial à cette fin. Pour autant, l'absence d'un budget qui permette d'engager l'aménagement de cet espace empêche sa réalisation.
En concertation avec le Relais Familial, un groupe de quatre étudiants de l'Institut du Travail Social (ITS) élabore un projet de réfection et de décoration d'un parloir à destination des enfants accompagnés par les intervenants auprès de leur père. Ce projet devrait se concrétiser dans le premier semestre 2005.